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25/4/25
Les programmes de mentorat traditionnels sont souvent pensés comme des dispositifs neutres, universels. Pourtant, dans les faits, ils ne prennent que rarement en compte les réalités spécifiques que vivent les femmes noires dans leur parcours professionnel. C’est là que le mentorat afro-féminin fait toute la différence. Il n’est pas seulement une variante du mentorat : il est un espace pensé pour nous, avec nous.
Dans un programme de mentorat classique, une marraine bien intentionnée peut écouter, mais ne pas saisir les nuances de ce que traverse sa filleule. Le mentorat afro-féminin, lui, repose sur une écoute informée, profonde, incarnée. C’est le seul espace où l’on peut dire sans détour : “Je me suis sentie invisible dans cette réunion” ou “On m’a coupée la parole dix fois” — et être comprise dans la seconde.
Parce que la marraine partage certains vécus liés au racisme, au sexisme ou à la double peine de la sous-représentation, elle offre une qualité d’écoute précieuse, libératrice, réparatrice. Elle n’a pas besoin qu’on lui explique, elle sait.
Les conseils d’un mentor classique peuvent être utiles, mais souvent génériques. Dans un mentorat afro-féminin, les conseils sont adaptés à des réalités spécifiques : naviguer les stéréotypes raciaux, gérer le code-switching sans s’épuiser, affirmer son ambition sans être taxée d’arrogance, trouver des stratégies pour exister dans des environnements peu diversifiés.
La marraine afro-féminine aide à lire entre les lignes du monde professionnel, à décoder ses non-dits, et à construire une posture authentique sans renier qui l’on est. C’est un accompagnement stratégique, mais aussi identitaire.
Un des piliers du mentorat est l’accès au réseau. Mais à quoi bon intégrer un réseau si l’on y reste en marge ? Les programmes classiques manquent souvent d’espaces sécurisants où les femmes noires peuvent évoluer sans autocensure.
Le mentorat afro-féminin crée une bulle de sécurité : un réseau où l’on peut poser des questions sans crainte d’être jugée, où les prises de parole sont valorisées, et où chaque parcours est respecté dans sa complexité. C’est un réseau d’alliées, pas de simples contacts.
Les parcours professionnels des femmes noires sont souvent jalonnés de moments de découragement, d’isolement, voire de remise en question. Le mentorat afro-féminin n’est pas seulement une ressource professionnelle, c’est aussi un refuge émotionnel.
Entendre “Tu n’es pas seule”, “Moi aussi je suis passée par là”, ou “Tu as raison de ressentir ça”, change profondément l’expérience du travail. Cela aide à tenir, à rebondir, à continuer avec fierté. Le soutien moral qu’offre une marraine afro-féminine n’est pas un bonus, c’est une base.
Au-delà de l’individu, le mentorat afro-féminin est un acte politique. Il participe à la construction d’un écosystème où les femmes noires prennent leur place, partagent leurs stratégies, se hissent les unes les autres.
Il ne s’agit pas uniquement d’avancer seule, mais de créer un mouvement qui change durablement les règles du jeu. Et ça, aucun programme classique ne le permet.
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